
Quand elle passe à la librairie elle a toujours un grand sourire et parle d’une voix si douce qu’on a dans l’instant envie d’arrêter tout ce qu’on fait.
Elle choisit ses mots avec soin et nous raconte des bribes de ses projets en laissant parfois de grands blancs au milieu des phrases.
On sent qu’elle réfléchit, qu’elle soupèse, qu’elle tourne sept fois sa langue dans sa bouche pour trouver la bonne expression, la meilleure tournure, celle qui collera au mieux à ses sensations.
Je crois qu’elle a 5 ans. Ou alors 105 ans.
On ne sait pas trop quel âge lui donner à Ramona.
C’est qu’elle est un peu hors du temps, dans un ailleurs meilleur qu’ici où un éléphant rose s’interroge sur le sens de la vie.
Lui est-il arrivé, comme au vilain petit canard, de ne pas se sentir un jour à sa place ?