Posté par Véro le 09 - 10 - 2016

L\'Amour, le Japon, les sushis et moi

L’installation et l’intégration seront malgré tout bien plus compliquées que prévu.

Pour commencer, ce n’est pas à Tokyo que la famille habite mais à Nagoya une petite ville de province sans grand attrait. Tandis que sa mère plonge à corps perdu dans sa nouvelle vie et son nouveau job, Lucrèce peine à trouver ses marques et traverse de longues crises de larmes.

« Il ne me fallut pas longtemps après notre installation dans l’appartement de fonction de maman pour que deux choses deviennent tragiquement évidentes : le changement, c’est éprouvant pour les nerfs;  et comprendre des dessins animés sans sous-titres , ce n’est pas du tout pareil que de comprendre de vrais Japonais quand ils vous parlent ».

Mais le tempérament curieux et volontaire de la jeune fille ainsi que son entrée au lycée vont donner un coup d’accélérateur à sa vie.

Pour suivre à peu près les cours Lucrèce doit mobiliser toute son attention et elle fait de même pour s’intégrer aux conversations des autres étudiants.

Ses efforts ne sont pas très payants, et si la jeune fille est poliment acceptée par les autres lycéens qui la compliment sur son japonais, les conversations tournent court et Lucrèce se sent assez vite mal à l’aise.

Un autre problème va la plonger de longs jours durant dans l’angoisse : le choix d’un club. Au Japon, chaque lycéen doit en effet choisir une activité para-scolaire obligatoire en intégrant des sortes de clubs aussi divers et variés que les clubs de sport, de musique, d’art floral, de calligraphie ou de cérémonie du thé. Ces adhésions impliquent un véritable investissement personnel, beaucoup d’heures de présence que Lucrèce n’est pas prête à donner. Pourtant il lui faut bien se décider et c’est Oda, un gars de sa classe qu’elle avait déjà repéré, qui lui souffle son choix: intégrer le Club des Amateurs de Sushis.

Dans cet intrigant pays du Soleil Levant, Lucrèce n’est plus à une surprise près, et la voilà introduite dans une petite pièce un peu poussiéreuse où deux lycéennes Mikki et Saya lèvent à peine le nez pour l’accueillir. Lucrèce va vite comprendre qu’il ne s’agit là que d’une sorte de club-fantôme où rien ne se passe. Sans parler du cinquième adhérent, un dénommé Ryu qui ne daigne même plus venir.

La drôle d’ambiance tendue qui règne dans ce club, ce grand absent qui plane au dessus d’eux et l’attentisme ennuyeux du groupe ne vont pas convenir très longtemps à notre jeune française volcanique qui met très vite les pieds dans le plat. Son plan; redonner un projet et une véritable ambition à ce Club des Amateurs de Sushis. Pour cela il lui faudra retrouver la trace du fameux Ryu et comprendre les raisons de sa fuite … quitte à se mêler de ce qui ne la regarde pas.

Voilà un bon roman sans prise de tête qui nous plonge dans la culture nippone toujours si étonnante et attirante pour les occidentaux que nous sommes.

Fluide et très accessible, l’histoire met en scène une jeune fille très volontaire et entreprenante qui ne manque pas d’humour et entretient une jolie relation complice avec se mère. Le roman s’égrène au fil des mois, de février à août et on suit en même temps toutes les fête traditionnelles du Japon desquelles les jeunes générations semblent un peu se détourner, c’est du moins ce que sous-entend l’auteur N.M Zimmermann qui y a vécu un bout de temps.

Avec son héroïne  très franche et très directe, on ressent les différences culturelles parfois compliquées à dépasser : « L’impression de discuter constamment en terrain miné était l’une des choses que j’aimais le moins au Japon: naviguer entre les non-dits et les allusions était épuisant ».

C’est sans doute cela et beaucoup de détails de la vie quotidienne qui rendent ce roman très réaliste et très vivant et même si on aurait aimé parfois un peu plus d’épaisseur dans ce récit, on se laisse volontiers emporter par cette histoire joyeuse et pleine de fraîcheur.

sushiUn bon moment de lecture à savourer dès 14 ans .

« L’Amour, le Japon, les sushis et moi ». N.M Zimmermann. Albin Michel Jeunesse. Collection Litt’. 15,90 €

 

 


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