Pour une stupide histoire de bouteilles d’alcool fauchées dans un magasin, le voilà responsable d’un accident malheureux après une chute mémorable à vélo.

Résultat des courses: un signalement à la justice et une sorte de période de probation à passer, avec obligation de tenir un journal intime et de participer à une activité hebdomadaire susceptible de l’éloigner de ses mauvais penchants.

Du haut de ses 16 ans, le pauvre Ben n’a pourtant rien d’un délinquant. C’est un ado tout ce qu’il y a de plus normal, complexé, glandeur, amoureux de toutes jolies les filles qui passent et incapable d’en aborder une seule.

A vrai dire il apprécie plus particulièrement Megan Hooper – et pour être tout à fait précis, la poitrine de Megan Hooper- mais il n’est pas non plus insensible aux yeux verts de Mademoiselle Swallow, sa prof d’anglais. Durant ses nuits agitées elles lui tombent toutes dans les bras, mais dans la vraie vie il ne se passe pas grand chose, même rien à vrai dire, ce qui fait que Ben traine la plupart du temps avec ses potes toujours mêlés à des histoires improbables.

Rajoutez à cela une petite sœur insupportable, une mère excentrique et prestidigitatrice de son métier et enfin un père un peu bourrin, fan de bagnoles et de matchs de foot, vous aurez une idée assez précise de l’entourage de ce pauvre garçon.

Alors quand il prend connaissance des activités hebdomadaires qui lui sont proposées, Ben est un peu au bout du rouleau: atelier mécanique (animé par son père, non merci), poterie (animé par la mère de Megan, hors de question qu’elle soit au courant), reste le cours de tricot que Ben va finalement choisir en priant pour que PERSONNE, ni ses potes, ni Megan , ni surtout son père ne soit au courant.

Contre toute attente vous vous en doutez, notre loser international va ADORER son cour de tricot, se prend même de passion pour les subtilités du tricot au point de consulter des sites, de participer à des forums et d’attendre avec impatience chaque jeudi soir en consultant frénétiquement son magazine « Tricotons ! ».

-« Ben tu as un vrai don ! Regarde-moi ces mailles parfaitement régulières. Ça aurait pu être tricoté à la machine.

– Bah, ai-je fait modestement.

– Je t’assure ! Tu as un talent inné, tu peux être fier de toi

Elle s’est remise à disserter sur mon talent inné quand j’ai voulu partir à la fin du cours. Je commençais à me sentir mal à l’aise. Je n’avais pas reçu autant de louanges depuis que j’avais arrêté de faire pipi au lit. »

Afin de ne pas passer, n’ayons pas peur des mots, pour une tapette, le pauvre Ben se voit contraint de cacher cette passion dévorante et pour le moins atypique à tout son entourage. S’ensuivent des quiproquos à gogo, des situations improbables et cocasses et tout un sac de nœuds aussi inextricables que les fils mêlés des pelotes de laine nécessaires à la confection d’un beau jacquard.

Voilà une lecture légère, drôle et optimiste qui démonte avec humour les stéréotypes. Le jeune héros très sarcastique est vraiment attachant par son côté tout ce qu’il y a de plus normal justement, et on suit avec bonheur ses péripéties quotidiennes qu’il consigne soigneusement dans son journal intime.

Il y est aussi beaucoup question d’amour, de famille, mais également de pression sociale et d’affirmation de soi.

On pourra un peu penser aux bouquins de l’auteure canadienne Susin Nielsen, mais il est vrai avec un peu moins de subtilité et de profondeur.

Peu importe, c’est une vraie lecture détente où l’on sourit franchement, qu’on peut savourer dès 13 ans et ce serait bien dommage de s’en priver par les temps qui courent.

Je sens que vous avez très envie de me parler de la couverture … je comprends. Au premier regard je l’ai trouvée horrible, ensuite je l’ai trouvée débile, et puis d’absurde je l’ai trouvée décalée. Maintenant je la trouve tout à fait réussie.

Ce qui illustre parfaitement une de mes citations favorites : « Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps ».

Voilà, c’était du Gustave Flaubert dans le texte, j’espère que ça vous en bouche un coin.

Bonne lecture les amis.

« Les garçons ne tricotent pas (en public). de T.S Easton. Traduit de l’anglais par Anne Delcourt. Editions Nathan. 15,95 €