Rudger le héros de ce roman est lui-même un ami imaginaire.

C’est l’ami imaginaire de la jeune Amanda qui l’a découvert un beau matin dans le placard de sa chambre.

« Rudger s’était réveillé dans la placard d’Amanda juste au moment où elle avait claqué la porte d’entrée. Il l’avait entendue monter l’escalier quatre à quatre et l’avait attendue sagement dans l’obscurité. Il ne se rappelait plus où il était avant, s’il était quelque part, cela lui était sorti de l’esprit. Mais maintenant qu’il avait trouvé Amanda, il avait le sentiment profond d’avoir trouvé sa place ».

Depuis, ces deux-là ne se quittent plus. Amanda l’a même amené à l’école pour le présenter à ses amis mais personne n’a aperçu Rudger. Alors ils ont compris tous deux qu’Amanda était la seule à pouvoir le voir parce que c’est elle qui l’avait créé et lui avait donné vie dans son imagination.

Cette amitié unique n’en est pas moins forte et Rudger est prêt à endurer toutes les élucubrations et les blagues de sa jeune complice pourvu qu’elle ne cesse de penser à lui. Que deviendrait un garçon comme lui s’il venait à disparaître dans l’imagination de son amie, si elle cessait tout simplement de croire en lui ?

Seule ombre au tableau le dénommé Butor, un homme étrange et quelque peu inquiétant, toujours suivi de son amie imaginaire, petite fille brune et triste aux allures spectrales …

Quand l’accident survient, plongeant la jeune Amanda dans le coma, Rudger se sent peu à peu disparaître, s’estomper…. Il doit vitre retrouver un enfant qui croit en lui pour ne pas s’évanouir à tout jamais.

C’est en tous cas ce que lui ont appris ses nouveaux protecteurs, la bande d’amis imaginaires qui l’ont recueilli à la bibliothèque. Cette petite communauté hétéroclite récupère les imaginaires comme lui avant qu’ils ne s’estompent, qu’ils ne tombent dans l’oubli et disparaissent à jamais.

« Plus tard, ce même soir, Rudger était assis près d’un feu de camp au beau milieu de la bibliothèque. Au début, il avait eu un peu peur, le feu et les livres ne faisant guère bon ménage, mais il avait bientôt vu que le feu était du genre de ceux qu’Amanda inventait. Un feu imaginaire. La bibliothèque ne risquait pas l’incendie, aucun livre ne brûlait, et pourtant les imaginaires assis autour s’y réchauffaient et contemplaient les flammes d’un œil bienveillant ».

S’il ne souhaite pas s’estomper, Rudger a un vœu encore plus cher : rejoindre l’hôpital où se trouve Amanda et tout faire pour qu’elle se souvienne de lui. Les obstacles seront nombreux, à commencer par le démoniaque Butor et son inquiétante amie imaginaire…

En voilà un beau roman, qui mêle aventure et poésie, réel et imaginaire et sait si bien retranscrire les émotions de l’enfance !

Le parti pris de faire parler Rudger, l’ami imaginaire place d’entrée le lecteur dans une perspective singulière, celle d’adhérer sans contrepartie à cet univers incroyable, impalpable, à cet imaginaire si vivant.

Riche en péripéties et en rebondissement, cette histoire ouvre en outre une jolie réflexion sur les thèmes de l’amitié, du souvenir et de l’enfance.

Les personnages secondaires apportent eux aussi une vraie épaisseur à ce roman plein de charme et d’humour aussi, joliment illustré par la plume délicate d’Emily Gravett.

A part ça Raoul va bien, je vous remercie. Je pense qu’il apprécierait beaucoup cette histoire que je conseille vivement à tous les jeunes enfants à partir de 9-10 ans ainsi qu’à tous les grands enfants amateurs d’histoires à dormir debout.

« Amanda et les amis imaginaires ». Texte de A.F Harrold. Illustrations d’Emily Gravett. Editions du Seuil. 15,00 €.