Peut-être connaissez-vous déjà ce récit légendaire venu de Chine qui raconte le destin incroyable de cette jeune-fille qui, apprenant que son père est appelé à la guerre, décide de partir à sa place au combat.
Elle abandonne alors son métier à tisser pour revêtir des habits d’homme et partir sur le front, épargnant ainsi à son père âgé les risques d’une longue guerre.
« Père n’a pas de fils adulte et je n’ai pas de frère aîné.
Qu’on m’équipe avec cheval et selle: je partirai en campagne à la place du Père! »
Son grand sens tactique et ses hauts faits d’arme ont parait-il fait d’elle un valeureux guerrier reconnu par ses pairs sans que jamais son identité féminine ne soit révélée.
Mulan passera douze longues années au combat, sans faiblir mais révélant chaque jour un peu plus sa bravoure et sa vaillance.
Lorsqu’il est temps de rentrer, Mulan n’accepte aucune récompense, ne reçoit aucun privilège. Juste un cheval vigoureux qui la ramènera vers les siens.
« Répondant au Khan qui s’enquiert de ses vœux, Mulan déclare n’avoir point le désir de devenir ministre. -Je me contenterai d’un fameux coursier qui d’une traite me conduira jusqu’à mon palais natal. »
Rentrée chez elle, Mulan revêt sa belle robe, pique une fleur jaune à ses cheveux et s’en va saluer ses compagnons d’armes qui stupéfaits, la découvrent pour la première fois sous ses traits féminins…
Voilà bien ce qui fait la force de ces grands textes patrimoniaux: ils sont toujours et encore d’une actualité brûlante, comme cette légende millénaire qui interroge les thèmes du genre et de l’identité et nous met en garde avec finesse contre toute position dogmatique.
A la belle fluidité d’un texte sobre et concis répond le très beau travail d’illustration de Clémentine Pollet qui a utilisé ici la technique de la linogravure pour composer des planches magnifiques jouant sur trois couleurs principales, le bleu, le rouge et le jaune. Les grands aplats de couleurs, les effets de transparence, les motifs et les formes très découpés s’épanouissent sur un grand format. L’effet visuel est spectaculaire, à la fois très raffiné et très moderne dans sa composition.
Pour finir, deux pages en fin d’ouvrage nous donnent quelques clés sur cette légende chinoise millénaire et nous en livrent la version originale.
Un très beau travail et un bien bel album sur une figure de femme libre et maîtresse de son destin. Ça fait du bien par les temps qui courent et c’est à conseiller sans hésiter et sans plus tarder dès 7 ans.
Ici on a beaucoup aimé !
« La ballade de Mulan ». Traduction de Chun-Liang Yeh. Illustrations de Clémentine Pollet. Editions HongFeï. 19,90 €
P.S : Toutes les images d’illustration ont été piochées sur le site des Editions HongFeï, merci à eux !