Pour vous dire que moi les histoires de boudins, ça me va droit au cœur. Et Dieu sait que je n’avais pas à l’époque le détachement et la cinglante répartie de l’héroïne de ce roman.
Mireille Laplanche n’est pas à proprement parler une beauté mais elle ne se laisse pas pour autant désarçonner par les réflexions qu’elle peut entendre sur son physique. A vrai dire se savoir reléguée de Boudin d’Or à Boudin de Bronze l’a presque contrariée, elle qui détenait le titre depuis déjà deux ans.
Elle décide donc d’aller rencontrer en personne les deux mochetés qui l’ont détrônée et elle ne sera pas déçue. Astrid et Akima ont effectivement ce qu’on pourrait pudiquement appeler un physique ingrat et leur « récompense » si méritée semble les avoir plongées dans des affres de honte, de culpabilité et de complexes mêlés.
Fort heureusement Mireille n’a pas son pareil pour consoler ses deux colistières et trouver les mots qu’il faut: – « Tu n’as pas à t’excuser de quoi que ce soit. Tu as volé ma place de Boudin d’Or, soit ! Mais je ne t’en veux absolument pas. Je pense qu’on a tous droit à un peu de compétition dans la vie. Je pense qu’il faut donner sa chance à tout le monde ».
Grâce à ces conversations à cœur ouvert, Mireille Laplanche s’aperçoit bien vite qu’elle et ses boudinettes ont un point commun incroyable …. Le double-menton ? Noon … L’appareil dentaire ?? Noooon …… La cellulite ??? Nooooon… Enfin si mais c’est pas ça. Ce qui réunit les trois Boudins de l’année c’est Paris, figurez-vous et plus précisément la Garden Partie de l’Elysée où chacune des trois top models a une bonne raison de se rendre pour des motifs divers et variés sur lesquels je ne m’étendrai pas, inutile d’insister.
C’est là que Mireille Laplanche a l’idée-qui-tue : rallier Bourg-en Bresse (ses fromages, ses faisselles, ses pâtés en croûte) à Paris et ses mondanités présidentielles.
Et comment ? Je vous le donne en mille : à bicyclette. Et en faisant quoi ? Je vous le redonne en mille : en vendant du boudin sur la route.
La folle équipée peut commencer pour les trois jeunes filles, accompagnées par Kader le frère d’une des Miss. Un ancien soldat qui n’a plus de jambes, certes, mais qui s’est largement rattrapé sur les biceps et les pectoraux, comme n’a pas manqué de le noter Mireille qui sait apprécier la beauté à sa juste valeur. Et puis il fait bien chaud d’un coup là …. c’est la côte ou bien ?….
Voilà un roman réjouissant, incisif et plein d’humour qui démonte avec brio tous les clichés autour du physique, de la dictature de l’image. Il égratigne au passage la vacuité des commentaires sur certains réseaux sociaux puisque l’initiative de ce trio de choc va connaître une couverture médiatique tout à fait inattendue, si l’on en croit les extraits de journaux qui entrecoupent le récit.
L’écriture est enlevée et pleine de peps à l’image de l’héroïne principale qui manie le second degré avec brio. Il souffle un joli vent de féminisme et de liberté dans ce roman qui donne la pêche et ménage aussi quelques vrais moments d’émotions. Qu’est-ce que ça fait du bien ! Et puis le titre est franchement bien trouvé, la couverture en jette …. trop chouette !
Coup de cœur garanti, à savourer dès 13 ans !
« Les Petites Reines ». De Clémentine Beauvais. Editions Sarbacane. 15,50€