Elle se coule alors toute entière dans un petit verre d’eau qui accompagnera le capitaine à terre dans son modeste meublé.
Les deux vieux se complices se retrouvent, se redécouvrent comme au premier jour et c’est la mer, un rien midinette, qui se raconte la première: grandes traversées, exploits maritimes, fameux naufrages …. tout cela le capitaine le sait déjà. Alors la mer va plus loin et révèle une part de ses secrets : « Elle lui dévoile un brin de son intimité, certains de ses mystères, les trésors fabuleux qui peuplent ses abysses, la caresse des fleuves, son admiration pour les terres qu’elle ne recouvre pas ».
Le capitaine n’est pas en reste et lui livre les plus beaux écrits que les hommes ont imaginés sur elle, il lui offre sa légende.
Tous deux coulent des jours paisibles et le capitaine n’a qu’à retourner le verre pour que les eaux jaillissent à nouveau et emplissent l’appartement, laissant tout loisir au capitaine de profiter des bienfaits d’un bon bain de mer.
« Quand il a bien nagé, il replace le verre à l’endroit, sur la table du salon, la mer s’y glisse sagement. Délicate, elle ne laisse jamais traîner une seule goutte d’eau ».
Loin de là pourtant c’est une toute autre chanson; la mer n’est plus qu’un vieux souvenir et son absence prolongée plonge le monde dans la désolation : « Quand la mer quitte son lit et va rêver ailleurs, reste un immense vide et quelques souvenirs bien trop silencieux ».
Je vous laisse découvrir la fin de cet album qui est une pure merveille. Le texte d’Henri Meunier, étrange et poétique, distille une douce nostalgie qui enveloppe le lecteur comme une mélopée.
Les illustrations de Lejonc, somptueuses, éclairent d’un jour nouveau le texte, sans jamais l’enfermer dans une simple traduction en images mais en lui donnant encore une autre dimension, d’autres inflexions possibles.
Les teintes un peu poudrées nimbent l’album d’une imperceptible touche de mélancolie et comment vous dire …. c’est magnifique ! C’est élégant, raffiné, parfaitement équilibré (choix du papier, de la typo, du format…), la grande classe.
Cet ouvrage est paraît-il la reédition du même titre revu par les auteurs et paru en 2004 au Rouergue. Alors comme je n’en ai aucun souvenir et que je comprends mal comment j’ai pu rater une telle merveille, je pense simplement que j’étais dans le coma.
L’album est tellement riche que les lectures en sont multiples, (il a d’ailleurs donné lieu à plusieurs représentations théâtrales), sans parler des références à quelques grands peintres que Lejonc a subtilement glissées dans ses illustrations.
Un album à acheter, à s’offrir, à offrir à des gens biens. Ne le ratez pas !
« La mer et lui ». Texte d’Henri Meunier. Illustrations Régis Lejonc. Editions Notari. Collection L’Oiseau sur le rhino. 23 € . Déjà paru en 2004 aux Editions du Rouergue.
Merci pour cette critique élogieuse.
ce n’est pas si fréquent et la vérité, ça fait vraiment plaisir!
Henri et moi avons eu le bonheur de pouvoir faire ré-exister ce livre qui nous tient tant à coeur aux éditions Notari, un éditeur encore un peu méconnu, mais qui a le soucis de faire des choix éditoriaux courageux et d’en faire de beaux livres pour petits et grands sans.
Nous voila comblés !
Régis
Wahou ! C’est moi qui suis comblée parce que je suis fan de votre travail depuis belle lurette.
Les éditions Notari je pense se font tout doucement une petite place de choix dans le paysage éditorial; elles ont déjà tapé dans l’oeil de tous les libraires jeunesse.
Merci en tous cas à tous les deux pour cet album et à vous pour votre passage sur le blog !
Véro
Les membres de l’atelier flambant neuf, Régis Lejonc, Alfred et Richard Guérineau , ont créé un blog pour organiser une petite vente aux enchères de 15 dessins originaux.
cette vente a commencé le 2 décembre et se prolongera jusqu’au 16 , avec une nouvelle image chaque jour.
Découvrez tous les détails de l’affaire à l’adresse suivante:
http://www.atelierflambantneuf.blogspot.fr
venez nombreux et faites suivre à tous vos amis, amateurs et collectionneurs!