Son année de troisième Antoine la passe dans une nonchalante indifférence: il a comme qui dirait lâché l’affaire et passe ses longues heures de cours à assurer le minimum syndical.
Pour ça il peut compter sur l’appui sans faille de son pote Thomas, grand branleur devant l’Eternel. A eux deux ils forment une sorte d’équipe de losers magnifiques, l’un passionné par les jeux video l’autre spécialiste des tags.
Si Antoine est bourré de défauts il est aussi doté d’une très grande qualité : la gentillesse. C’est une bonne pâte, une vraie de vraie, limite bonne poire. Quand par un malheureux concours de circonstances il se retrouve accusé à tort d’avoir tagué un mur du bahut, Antoine ne moufte pas et endosse le mauvais rôle pour éviter à son pote Thomas la foudre parentale.
Le voilà donc obligé d’effectuer des travaux d’intérêt général, en l’occurrence rejoindre l’équipe de nettoyage qui officie avant l’ouverture du collège.
« Désormais, je suis un bon à rien pas comme les autres. Une sorte de pauvre martyr un peu taré. J’ai gagné une nouvelle identité et je fais tout ce que je peux pour lui ressembler. Je regarde autour de moi d’un air paisible et lointain. Je souris un peu comme Jeanne d’Arc quand il est bien clair qu’elle va finir au bûcher. Je marche doucement, comme si j’avançais sur un nuage (…). Ceux qui sont dans l’ignorance me persécutent bêtement. Ceux qui sont dans la vérité m’admirent en silence ».
C’est là qu’une dénommée Bébé fait son apparition. Préposée au nettoyage des classes c’est elle qui va devoir prendre Antoine comme binôme en lui inculquant l’art délicat de décoller les chewing-gums sous les bureaux. Et pour son jeune âge Bébé a déjà une sacrée vie…
Cette rencontre et ces quelques heures de ménage intensif vont bouleverser au plus haut point le quotidien déjà calamiteux d’Antoine.
Comment il se retrouve avec un bébé calé sous le manteau et aucune nouvelle de la mère, c’est encore une autre histoire que vous découvrirez en plongeant les yeux fermés dans ce dernier roman de Marie Desplechin: son art consommé des dialogues, ses personnages rendus si vivants et son style plein d’humour sont un ravissement. On le sait, mais on ne s’en lasse pas !
Toute une galerie de personnages gravite autour d’Antoine, brossés avec beaucoup d’humanité, ce qui est un peu la marque de fabrique de Marie Desplechin.
Une lecture d’été idéale, un roman léger et plein de rebondissements qui se lit le sourire aux lèvres à partir de 13 ans !
« Le bon Antoine ». Texte de Marie Desplechin. Gallimard jeunesse. 12,50€