Posté par Véro le 07 - 03 - 2013

Là où je vais

Leurs tourments, leurs états d’âme ne se ressemblent pas. Chacun avance avec ses doutes, ses peurs, dans cet âge fragile où tout semble se jouer.

Léa est amoureuse. Follement amoureuse de quelqu’un qui semble l’ignorer : « Car j’ai beau lutter, me traiter d’imbécile à répétition, mes yeux, sans cesse, reviennent vers Julie. Je pourrais presque la toucher en tendant le bras. Je voudrais être contre elle, oui, tout contre. C’est incompréhensible. J’ai le coeur en morceaux et je brûle de désir pour celle qui l’a mis dans cet état ».

Ilès le taiseux a longtemps souffert de son statut de primo-arrivant. Les mots qu’il a tant peiné à apprendre c’est grâce au théâtre qu’il les a apprivoisés. Depuis le théâtre c’est toute sa vie: « J’adore le moment qui précède celui où on se glisse dans la peau d’un personnage, une seconde peau collée à la sienne, au plus près, cet instant où les mots écrits par un autre trouvent un écho au plus profond de soi, deviennent vos propres mots. »

Depuis le décès de sa soeur, Clément s’enfonce, se laisse submerger par la douleur : « Mais pourquoi je raconte ces trucs ? Pourquoi je ferme pas ma gueule comme d’habitude? Est-ce que ça regarde quelqu’un si ma mère est un zombie qui se shoote aux médicaments, si mon père a perdu son boulot et me hurle dessus dès que je bouge le petit doigt? Est-ce que ça regarde quelqu’un s’il aurait préféré que ce soit moi qui meure plutôt que Laurie ? »

Et puis il y a Océane qui se sent paumée, décalée, plus encore que d’habitude, au point d’aller frapper à la porte de la CPE sans trop savoir pourquoi : « Mais non, je sais bien pourquoi (…) C’est son rire qui éclate à l’improviste sans aucune retenue, comme si elle se fichait du monde entier dans ces moments là (…) un rire qui fait la lumière. Ne ment pas. Un rire qui a trouvé sa place. Moi je n’ai jamais su rire de cette façon. Moi, j’agis en fonction des autres, pour plaire, être acceptée, quitte à faire l’inverse de ce dont j’ai envie… » jevais

Tour à tour, chacun va prendre la parole. Ces courts récits entremêlés, l’unité de lieu restreinte au lycée, l’unité de temps ramassée en cinquante-cinq minutes, tout cela concourt à l’acuité de ce bref roman porté par l’écriture dense et ciselée de Fred Paronuzzi. Le style est sec, sans fioritures mais il nous semble pourtant entendre les silences et les respirations de ces quatre jeunes.

Un beau roman qui brosse le portrait d’une adolescence complexe et tourmentée où la parole, les mots dessinent les contours d’un avenir plus serein. (Et puis mention spéciale pour la chouette couverture de Laurent Moreau).

« Là où je vais ». de Fred Paronuzzi. Editions Thierry Magnier. Collection Roman. 7,20€

Une réponse.

  1. fred paronuzzi dit :

    Merci beaucoup pour ce commentaire très flatteur.
    bien amicalement


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