C’est un peu comme balancer dans un diner mondain qu’on ne rate pas une saison de Koh-Lanta. Alors que ce n’est pas du tout mon cas, je vous rassure. Non, moi mon truc avec Gilliane ce serait plutôt « L’Amour est dans le pré » (Je n’aime peut-être pas la poésie mais j’ai un coeur qui bat, vous savez…)

Tout ça pour dire quoi ? Eh bien que contre toute attente j’adore les haïkus, ces petits instantanés de l’éphémère. L’idée qu’on puisse susciter autant d’émotions en si peu de mots de ravit. Si facile qu’il puisse paraître, l’exercice est pourtant périlleux, décrire des sensations, parler des petites choses. Certains s’y essayent, (Philippe Delerm si tu m’entends, ah ah) mais de suite ça me ravit beaucoup moins.

Alors que là, quelle super idée ! Pourquoi je l’ai pas trouvée moi ??  Lier le conte et le haïku ! Arriver en trois petits lignes à restituer l’essence du conte est un très joli pari relevé avec talent par Agnès Domergue.

Ce sont ainsi vingt haïkus qui en trois phrases énigmatiques doivent nous faire deviner l’histoire. Un concentré d’imaginaire et de poésie pour revisiter nos grands classiques en y mêlant un peu de culture nippone. Les illustrations de Cécile Hudrisier au trait et à l’aquarelle transparente jouent aussi la carte de la délicatesse et accompagnent avec grâce les courtes phrases. Entre texte et image l’harmonie des couleurs sert de trait d’union.

On peut souligner aussi le très joli travail d’édition (en même temps c’est Thierry Magnier, hein ) avec le choix du papier, le format intimiste de ce petit album au dos toilé… une vraie réussite !

               Allez, un petit pour la route (mais pas le plus facile, je vous préviens !)

 « Langue de vipère

  Préfère les mots d’où perlent

  Des diamants ».

 M’est avis que tous les enseignants vont se ruer dessus et c’est tant mieux ! Les autres, ne ratez pas ce petit bijou à savourer en famille.

« Il était une fois… Contes en haïku » . Texte d’Agnès Domergue. Illustrations de Cécile Hudrisier. Editions Thierry Magnier. 11,00 €