C’est un grand-père qui raconte ici son enfance et sa jeunesse chaotiques à son petit fils. Dans cette Angleterre d’après-guerre on suit les premiers pas de ce jeune gars élevé dans une famille nombreuse, sans père à la maison. L’école ne le passionne guère et les petites frappes du coin sont ses seules fréquentations. Pour les épater, il multiplie les larcins, les mauvais coups jusqu’à sombrer dans la délinquance. Le soutien de sa prof de musique ne suffira pas à le faire échapper à la maison de redressement dans laquelle sa mère va l’envoyer.
La prise en charge de ces jeunes garçons y est pour le moins radicale: brimades, humiliations, longues heures de travail et châtiments corporels sont leur lot quotidien.
« Mais le pire, ce n’était ni le travail, ni Monsieur Roley, ni la nourriture, qu’ils devaient faire exprès de rendre la plus dégoûtante possible, à mon avis. C’était d’entendre un des autres garçons pleurer la nuit jusqu’à ce qu’il s’endorme. Cela provoquait un tel effet sur moi, que je me mettais immanquablement à pleurer à mon tour ».
C’est pourtant là qu’il va faire la connaissance de Monsieur Alfie, l’éleveur de chevaux, qui va le prendre sous son aile et lui confier les soins de Dombey, un cheval maltraité et agressif qui ne se laisse approcher par personne…
Une belle histoire d’amitié évidemment entre un jeune garçon et un cheval, mais au-delà un roman très positif et optimiste sur une réhabilitation toujours possible, sur la vie qui peut repartir dans le bon sens. L’écriture sobre et sans fioritures de Morpurgo brosse aussi en filigrane le portrait d’une société violente, l’Angleterre d’après guerre qui ne laissait que peu de chances aux plus mal lotis. Comme quoi les choses n’ont guère changé.
Les illustrations au crayon gris du complice, Michael Foreman, soulignent avec expressivité ce texte touchant et facile à lire, accessible aux plus jeunes dès 9 ans.
Mauvais Garçon. Texte de Michaël Morpurgo. Traduit de l’anglais par Diane Ménard.
Illustré par Michael Foreman. Gallimard. 8,50€