Quand elle passe à la librairie elle a toujours un grand sourire et parle d’une voix si douce qu’on a dans l’instant envie d’arrêter tout ce qu’on fait.
Elle choisit ses mots avec soin et nous raconte des bribes de ses projets en laissant parfois de grands blancs au milieu des phrases.
On sent qu’elle réfléchit, qu’elle soupèse, qu’elle tourne sept fois sa langue dans sa bouche pour trouver la bonne expression, la meilleure tournure, celle qui collera au mieux à ses sensations.
Je crois qu’elle a 5 ans. Ou alors 105 ans.
On ne sait pas trop quel âge lui donner à Ramona.
C’est qu’elle est un peu hors du temps, dans un ailleurs meilleur qu’ici où un éléphant rose s’interroge sur le sens de la vie.
Lui est-il arrivé, comme au vilain petit canard, de ne pas se sentir un jour à sa place ?
Il serait grand temps de sortir de notre ethnocentrisme occidental étriqué et frileux pour nous ouvrir un peu aux autres.
Les blancs, les noirs, les jaunes, les peaux-rouges, les basanés, les métisses et toutes les couleurs de la terre.
(On dirait un peu du Enrico Macias qui aurait épousé Mère Teresa, non ?)
Qu’est-ce qu’elle en dit la Nadine ?
Et vous, vous en pensez quoi ?
Une crise existentielle en plein cœur du bush australien, ça vous parle ?
Moi ça m’a tout de suite interpellée.
Surtout depuis ce fameux après-midi où un collégien en visite à la librairie avec sa classe me demandait ingénument : mais à quoi ça sert tout ce que tu fais et tout ce que tu lis ?
Depuis je traverse une remise en question existentielle et identitaire des plus douloureuses.
Et encore je lui ai pas parlé de mon salaire, au jeune.
J’ai toujours trouvé un peu ardu de rentrer dans un texte de théâtre par une simple lecture. Pourtant le titre de la pièce m’a instantanément attirée, de même que la belle couverture rose du bouquin. Car c’est bien connu les filles adorent le rose. Enfin, c’est ce qu’on dit.
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