Il y a quelques années, les éditons du Rouergue créaient la collection Boomerang. Le principe: donner deux points de vue différents d’une seule et même histoire, deux récits tête-bêche à lire dans n’importe quel ordre et qui s’éclairent l’un l’autre. D’aucuns auraient pu craindre un procédé quelque peu artificiel, c’est ce que j’ai redouté au début je dois bien l’avouer, mais que voulez-vous ma bonne dame je suis de nature anxieuse.
Or, c’est tout le contraire qui s’est produit, de vraies petites pépites d’écriture sont nées de cette collection qui se classe parmi les plus intéressantes et les plus innovantes de ces dernières années pour les jeune lecteurs.
Et voilà-t-y pas que Cathy Ytak lance comme ça à son éditrice : et si on faisait la même chose pour les ados ?
Il y a quelques années paraissait à l’Ecole des Loisirs un très beau roman, Calpurnia, qui racontait la vie d’une petite texane à l’aube du XXème siècle..
L’érudition, le charme et la sensibilité étaient au rendez-vous dans ce récit plein de fraîcheur où l’on suivait cette toute jeune fille éprise de science.
C’est dire si l’on attendait beaucoup de l’adaptation en BD et les éditions Rue de Sèvres ont relevé ce défi haut la main !
Je me rappelle quand j’étais ado (hier quoi), je passais le plus clair de mon temps à dévorer des romans dramatiques.
Des trucs super tristes, des récits torturés avec des fins horribles que je lisais en apnée et qui me faisaient verser toutes les larmes de mon corps.
A moi les histoires de viol, de handicap, de déchirement familial, de suicide, de maladie où on meurt à la fin et d’amour toujours mais sans retour. Oh oui vas-y Johnny fais-moi mal …. (EH OH ON SE CALME, OK ?)
Puis le temps a passé (si peu, sur moi), et la vie m’a appris que tout ça arrivait, mais pour de vrai.
Youpi donc.
Plus besoin de les lire, il suffit juste de vieillir ! Trop bien, non ? (<----- humour noir comme Gigi elle aime).
Mais parfois je remets mon écharpe orange, mes Converse bleues, je prends un gros bouquin avec des gens qui ont plein de problèmes dedans et j'ai de nouveau quinze ans.
On rentre dans la vif du sujet avec ce roman jubilatoire qui parle d’une adolescente.
Encore, me direz-vous ?
Oui, mais celle-ci, croyez-moi, vous ne l’oublierez pas de sitôt.
Elle s’appelle Vania.
Vous en pensez quoi ? C’est sympa de porter un prénom de protège-slip, non ?
Et si y’avait que ça ….
Certes, Colas Gutman est l’auteur prolixe de la série des « Chien Pourri », (d’ailleurs ça tombe bien parce que « prolixe » ça m’a toujours fait penser à une marque de croquettes pour chiens) cet anti-héros un peu concon qui fait le bonheur des jeunes lecteurs et des libraires fainéants, certains de faire mouche à tous les coups en dégainant cet incontournable de la rigolade.
Mais il n’a pas fait que ça le bougre, loin de là, et si j’étais vous je me garderais bien de réduire quiconque à ses signes extérieurs de succès.
Ne suis-je donc pour vous que cette libraire-blogueuse exceptionnelle, lue aux quatre coins de France, avec selon Google Analytics des pics de fréquentation autour du 6ème arrondissement de Marseille (c’est Gigi), et qui fait péter la baraque du côté du 8ème ? (ça c’est ma mère).
Je suis bien autre chose fort heureusement (n’hésitez pas à m’appeler sur mon 06 si vous voulez en savoir plus) et Colas Gutman, pour en revenir à lui (car je m’égare assez facilement semble-t-il) a écrit aussi d’autres trucs.
Oui mais quoi ?
– Pas vrai que moi aussi je suis un peu ton soleil ? m’enquérais-je récemment auprès de Gigi, espérant après toutes ces années une once de reconnaissance, une marque d’affection, un geste de tendresse, que sais-je encore ?
Bref … un peu d’amour.
(Vas crever.)
– Tu vois là je suis en train de passer le balai devant la librairie; ça te viendrait pas à l’idée toi, de passer le balai devant la librairie ?! Madame préfère parler de livres, c’est plus chic.
Et puis j’espère que tu te soignes un peu parce qu’en ce moment t’as toujours l’œuf, c’est pénible à la fin.
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Je crois qu’au fond elle m’aime bien quand même.
Au pire j’irai noyer mon chagrin dans l’alcool et les livres.
Vous n’avez pas pu rater « Les petites reines » précédent roman de Clémentine Beauvais, lauréat du Prix Sorcières 2015 et prochainement adapté au théâtre et au cinéma (Chouette !)
Magnifique bouquin, drôle, émouvant, pertinent, savoureux et tellement bien écrit.
Et ce nouveau roman alors, « Songe à la douceur », il est comment ?
Tout pareil mais encore mieux. Et complètement différent.
Je crois que ça fait bien longtemps que je n’avais pas lu quelque chose de cette qualité.
On ne va quand même pas passer l’été sans un roman bien poilant à se mettre sous la dent.
Et puis sachez que si votre ado n’aime pas lire c’est sûrement que vous ne lui mettez pas les bons bouquins sous le nez.
Heureusement que je suis là parce que LE roman de l’été, c’est moi qui l’ai.
La bonne nouvelle de ces dernières semaines c’est sans conteste la parution en bande dessinée du Journal d’Aurore de Desplechin.
Vous connaissez certainement ce roman jubilatoire paru en 2006 qui met en scène une jeune adolescente d’aujourd’hui.
Dix ans plus tard en voici la version BD tout aussi tonique et percutante.
Imaginez un peu qu’ils se piquent avec les aiguilles, peuchères…. ça serait super grave et ça leur ferait sûrement très très mal.
Alors surtout gardons-nous de pareils drames et essayons, autant que faire se peut, de préserver la santé fragile de ces messieurs.
A cause des idées débiles de ses potes, Ben lui est passé à deux doigts d’un grave pépin.