Posté par Véro le 18 - 04 - 2019

How to stop time

L’histoire se passe à notre époque. Tom Hazard le personnage principal semble avoir une quarantaine d’années. Mais en vérité il n’en est rien, puisque Tom Hazard est né il y a plus de quatre cents ans, en 1531.

Il vieillit à peine, pour lui le temps passe au ralenti et il prend juste un an quand le commun des mortels vieillit d’une quinzaine d’années.

Quelques dizaines de milliers d’individus de par le monde souffrent de cet étrange syndrome qui ne rend pas éternel, certes, mais promet une vie séculaire.

Si une organisation secrète, la Société des Albatros, s’efforce de retrouver et protéger ces humains hors normes, elle leur impose aussi des changements d’identité tous les huit ans, pour éviter qu’ils ne se fassent repérer.

Ainsi Tom Hazard s’apprête-t-il ici à devenir professeur d’histoire dans un collège à Londres. Une nouvelle existence après mille autres vies.

Mille autres vies, et un seul et unique amour, Rose, morte en 1623 de la peste.

– « Je n’ai aimé qu’une fois dans ma vie. Je suppose que cela fait de moi un romantique, en un sens. L’idée qu’on a un seul et véritable amour, que rien ne s’y comparera après sa disparition. C’est une belle idée mais en vérité rien n’est plus terrifiant. Devoir affronter toutes les années solitaires de l’après. Exister lorsque le sens de votre existence n’est plus. »

Tom Hazard traîne son spleen au gré des années qui n’en finissent plus de passer, au fils des âges, des modes et des époques qu’il traverse en vieil ermite mélancolique.

S’il songe parfois au suicide, la seule pensée de sa fille suffit à le retenir. La petite Marion, née de ses amours avec Rose, atteinte tout comme lui du syndrome de longévité. Elle est en vie, mais jamais Tom Hazard à travers les siècles, n’a encore réussi à retrouver sa trace…

A la croisée du récit fantastique, du roman intimiste et du petit traité de philosophie, ce texte aborde des questions essentielles et existentielles au fil d’une narration parfaitement maitrisée.

Le lecteur navigue au gré des souvenirs du protagoniste qui se remémore ses amours défuntes, ses vies passées et les rencontres improbables qui ont émaillé son interminable existence.

Loin d’alourdir le récit, les allers-retours incessants entre présent et passé tissent une trame narrative passionnante et terriblement addictive, irriguée par une réflexion constante sur l’amour, la mort et le temps qui passe.

Quel sens donner à une vie quand elle n’en finit plus ? Est-il encore possible d’aimer ? Et que faire du temps qui s’écoule quand on tient l’éternité ou presque entre ses mains ?

– « Il n’y a jamais de passage pour retourner vers cet avant. Tout ce qu’on peut faire avec le passé, c’est le porter en soi, le sentir s’alourdir peu à peu, et prier pour qu’il ne vous écrase pas entièrement ».

Oui, vous aurez noté comme moi, chers lecteurs, une légère tendance dépressive du protagoniste (!!). Il est vrai que l’auteur du roman Matt Haig est aussi connu pour un témoignage très autobiographique sur sa plongée dans les affres de la dépression, « Rester en vie » paru en 2016 du côté des adultes, ceci expliquant peut-être cela.

En outre, vous vous souvenez certainement d’un autre titre de cet auteur que j’avais beaucoup aimé, « Humains », paru chez le même éditeur, qui parlait d’un extra-terrestre en mission sur notre planète et dont j’avais causé juste ici !

Le type ne manque pas de talent, c’est indéniable, et malgré quelques longueurs, vous serez tout comme moi remué par cette grande fresque romanesque, profonde et sensible, qui vous fera traverser les âges, côtoyer Shakespeare et rencontrer Chaplin.

Un beau roman à savourer dès 15 ans, dont les droits ont déjà été rachetés par le cinéma paraît-il, et oui tu m’étonnes…

« How to stop time ». Texte de Matt Haig. Editions Hélium. 16,50 €.

2 Réponses.

  1. Agnès dit :

    « Il faut beaucoup de force, beaucoup d’orgueil ou beaucoup d’amour pour croire que les actes d’un homme ont de l’importance et que la vie l’emporte sur la mort . » /Simone de Beauvoir dans « Tous les hommes sont mortels » #aujourdhuijemelajouejailuunlivrepouradultes
    #frimedunjourfrime toujours

  2. Véro dit :

    C’est très vrai et très beau Agnès :-))
    #çanouschangeunpeudeDalida


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