Posté par Véro le 31 - 08 - 2018

Viens Emile, on rentre à la maison

Traxler_08_09La vie est difficile en montagne  pour la vieille Marthe qui n’a pas un sou et vit à deux heures de marche du village avec pour seule compagnie son cochon Émile.

Les paysages sont magnifiques mais le quotidien est rude et bien souvent la pauvre Marthe doit se coucher le ventre vide, se contentant de lire à haute voix les recettes de son vieux livre de cuisine.

L’été elle s’en sort à peu près bien avec les légumes ramassés au jardin et une vache voisine qu’elle peut traire en douce. Mais à la perspective des longs mois d’hiver Marthe envisage une solution radicale :

– « Quant à Émile, il trouve des glands, des châtaignes, des faînes et des champignons. Marthe le suit du regard. Allez mange, songe-t-elle. Quand tu seras bien gras je te mènerai à l’abattoir. Et tout l’hiver j’aurai de la bonne viande, du lard et des saucisses, et je n’irai plus au lit le ventre creux ! »

Ce que Marthe ignore, c’est qu’Émile le cochon, animal sensible et intelligent, a vu clair dans les pensées de sa maîtresse.

Les voilà partis vers la vallée et lorsqu’elle croise un fermier voisin un peu curieux la vieille Marthe prétexte une visite chez sa cousine Cathy…emile2

Le pauvre Émile n’est pas dupe, mais que peut-il faire d’autre alors qu’il est tenu en laisse ….

Aux abords de la ville, tous deux croisent un gros camion rempli de veaux qui meuglent, puis un autre rempli de porcs qui couinent.

Rien pourtant ne semble arrêter la vieille Marthe.

C’est Emile qui soudain va refuser de faire un pas de plus, sentant tout à coup l’odeur du sang.

« C’est l’abattoir. Des gros types en chemises rayées poussent vers une ouverture sombre des porcs qui crient. De l’autre côté du bâtiment, deux aides-bouchers transportent des quartiers de porc vers leur camionnette. »

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Voilà un sujet d’actualité abordé avec finesse et sensibilité. Et sans grand effet démonstratif ce qui rend l’album d’autant plus pertinent.

A l’heure où les images des abattoirs font le tour des réseaux sociaux, où la souffrance animale commence à être prise en compte, Hans Traxel concocte ici une fable réjouissante et pleine de bon sens, faisant entrer la vieille Marthe dans un cercle vertueux qui ne lui apportera finalement que du positif.

On apprécie le trait fin et vif, la douce tonalité des illustrations et surtout cette humour subtil et délicatement posé qu’on trouve en filigrane dans tous les albums de cet auteur allemand (« Le chat qui n’arrêtait pas de grandir » ou « Sophie et le cor des Alpes » par exemple, tous deux publiés aussi à la Joie de Lire).

emile4Pour conclure je dirai: « Ne fais pas à la truie ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît ». ( Rhoo ça va, c’est la reprise, merde).

« Viens, Émile, on rentre à la maison ! ». Texte et illustrations de Hans Traxler. Editions de la Joie de Lire. 15,90 €

 

 

 

 

 

 

Catégories: Albums

2 Réponses.

  1. Marc PARAYRE dit :

    Désirant surfer démagogiquement sur la vague animaliste qui sévit hélas un peu partout, l’auteur livre une histoire invraisemblable − tant les contrevérités y sont légion − qui donne de la campagne l’image grotesque que s’en font divers bobos citadins. Où trouverait-on, en effet, sinon dans quelque montagne fantasmée, une mamie assez frappadingue pour se laisser mourir de faim en ne tuant pas un cochon engraissé précisément pour subvenir à ses besoins ? C’est, de plus, méconnaître totalement qu’à la campagne, tuer le cochon est le moment privilégié d’une une fête qui réunit volontiers tous les voisins…
    Si l’on souhaite découvrir un album sur les relations d’une personne âgée avec un animal de compagnie, qu’on lise Chaussette − authentique chef-d’œuvre celui-là − de Loïc Clément et Anne Montel chez Delcourt jeunesse, ou sur les élucubrations d’intellectuels en mal d’idées saugrenues, C’est chic ! de Marie Dubois chez Seuil jeunesse.

  2. Véro dit :

    Merci pour l’intérêt que vous avez porté à cette petite chronique…
    Voilà un avis bien tranché, que je ne partage évidemment pas, tant j’apprécie la fantaisie poétique et un peu absurde de cet auteur allemand.
    Est-il besoin dans une oeuvre de fiction, qui plus est pour la jeunesse, de décrire coûte que coûte la réalité ?
    Je n’en suis pas sûre, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier dans un tout autre style les deux références citées


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