Dans celui-ci nous suivons Déborah durant toute une année scolaire et pas des moindres, l’année de terminale avec le bac en ligne de mire et tout le tintouin d’un avenir incertain.
Une adolescente lambda, avec une vie normale : une mère, un père, une meilleure amie et un chien.
Petite rectification : la mère est complètement border-line, passant ses journées à découper des magazine et à coller des post-il sur le frigo avec un mystérieux 06 inscrit dessus.
Le père est aux abonnés absents et Déborah n’ose plus le regarder en face depuis qu’elle l’a surpris au bras ou plutôt aux lèvres d’une splendide brune .
La meilleure amie parlons-en : depuis qu’Eloïse s’est amourachée de son jules, plus rien ne semble exister autour d’elle : « Eloïse a disparu de la circulation. Je lui ai écrit soixante-treize messages et à chaque fois, je les ai effacés. Hier, j’ai arrêté. En fait, je n’ai pas grand chose à me reprocher. Elle m’a blessée. Elle savait que j’avais besoin d’elle. Je la déteste. J’ai toujours besoin d’elle. Je me déteste ».
Le chien enfin, ou plutôt le débris ramassé quelques semaines plus tôt au coin de la rue par sa mère, un labrador obèse, qui bave, qui pue de la gueule, perd ses poils par plaques et s’est pris d’un amour dévorant pour sa jeune maîtresse.
Tu parles d’une vie …
Avec tout ça Déborah s’étonne à peine de voir ses résultats scolaires dégringoler, c’est la théorie de la scoumoune comme elle le dit si bien. En gros, quand tout va mal … et ben tout va de plus en plus mal.
Ne croyez pas pour autant que Déborah se laisse abattre, son solide sens de l’humour l’aide toujours à garder la tête hors de l’eau, sans compter sa passion pour la littérature.
Et puis il y a cette amitié improbable et inattendue de deux gars de sa classe, Jamal alias Mygale-Man, qui lui ferait presque partager sa passion pour les araignées velues et Victor qui a toujours les mots qu’il faut.
Le beau Victor, le très beau Victor. Et le très en couple Victor aussi …. théorie de la scoumoune bis.
On partage avec ce trio ébouriffant des après-midi de fous rires, de conversations surréalistes, et ces confidences qu’on se fait et qu’on ne regrettera jamais.
Pour ces trois passionnés du verbe et des bons mots, le jeu des cadavres exquis occupera bien des moments et trouvera une issue tout à fait inattendue dans le dénouement du livre.
On lit ce pavé doré de 400 pages sans même s’en rendre compte, avec une facilité déconcertante tant l’écriture est fluide, vivante et nous emporte entre rires et larmes dans cette joyeuse chronique douce-amère de cet âge où l’enfance s’éloigne définitivement.
On retrouve dans ce roman un petit je-ne-sais-quoi de Clémentine Beauvais, certainement dans cette façon tellement décontractée de passer du comique au tragique, ou dans ce tableau si juste des montagnes russes de l’adolescence.
Mais comparaison n’est pas raison, et laissons à Marie Pavlenko tout le mérite de ce beau roman, qui brille de mille feux par sa couverture et vous fera à coup sûr briller les yeux en retour.
« Je suis ton soleil ». De Marie Pavlenko. Editions Flammarion. 17,50 €