Je me demande souvent où vont les sentiments quand les amis ou les amoureux se séparent.

Socrate lui, notre bien nommé petit héros, se demande bien si Blanche-Neige, son bonhomme de neige sera encore là quand il reviendra au printemps.

Son papa a l’air sceptique, mais comme tous les papas, il est bien souvent à côté de la plaque…

Et cette histoire de chaleur, de neige qui fond et qui disparaît ne suffit pas à convaincre Socrate.

Pourquoi seules les choses visibles auraient une existence réelle ?

« Socrate réfléchit une minute. Blanche-Neige ne peut pas disparaître: il a un nom. -Il sera encore là, décrète-t-il. Il sera invisible, mais on pourra quand même jouer ensemble. Je sais exactement où il est. »

Une autre fois, au moment du coucher, Socrate va expérimenter le pouvoir de sa pensée rien qu’en observant un drôle de nuage par le vasistas de sa chambre : et si c’était un cheval des airs ? Et s’il pouvait s’assoir dessus et le chevaucher à toute vitesse ? Et si le rêve était aussi intense que la réalité ?

Et puis il y a cette drôle de commode, qui sent un peu le renfermé. C’est un vieux secrétaire qui appartenait à son arrière grand-mère. « Socrate sent bien que son papa aime beaucoup le secrétaire. Ça s’entend à sa voix qui devient plus douce quand il parle ».

Maintenant que son papa lui en a confié la clé, Socrate va pouvoir y cacher la formule magique qu’il est le seul à connaître. C’est son secret à lui, et un secret c’est important: ça se cultive en cachette et personne n’a le droit d’y toucher sans notre autorisation.

« Une drôle d’odeur s’échappe du tiroir. C’est peut-être le parfum des secrets de son arrière grand-mère. Une odeur mystérieuse de jadis. Socrate dépose la formule magique dans le tiroir (…). Il a l’impression d’avoir des fourmis dans le ventre: il a déposé un secret dans le tiroir à secrets. Un secret que personne ne connaît, même pas son papa. »

On ne sait ce qu’il y a de plus réussi dans ce petit livre de poche : la tendre complicité qui unit le père et son fils, l’insatiable curiosité du petit Socrate, la poésie de ses questionnements ou les illustrations tellement craquantes.

Vous avez l’impression de les avoir vues quelque part ? C’est normal, j’en avais déjà parlé à propos de cet album-là (ne me remerciez pas).

Elles accompagnent à merveille les sept petites histoires que l’on retrouve dans ce livre au format intimiste, où l’on se laisse entraîner avec bonheur dans les rêveries, les idées et les interrogations de ce tout petit garçon.

Tantôt saugrenues, tantôt profondes, souvent pertinentes et toujours poétiques, ces questions nous initient en douceur au raisonnement et à la pensée philosophique.

Voilà un petit bouquin instructif, ravissant et rafraichissant à la fois !

Un vrai bonheur de lecture à partager avec un petit curieux dès 5-6 ans.

« Socrate et son papa ». Texte de Einar Overenget. Illustrations de Oyvind Torseter. Traduit du norvégien par Aude Pasquier. Editions La Joie de Lire. 11,00 €