C’est l’été, il fait chaud et pourtant Papa Moomin a attrapé un gros rhume et il est très malade.
Mais alors très très malade, au point qu’il tient à peine debout et qu’il appelle Maman Moomin à la rescousse (Mesdames, toute ressemblance avec votre mari n’est pas fortuite, je vous rappelle que Papa Moomin est un garçon ah ah ah).
En rassemblant tous les siens autour de lui (il croit qu’il va mourir peuchère), Papa Moomin les exhorte à ne jamais oublier la chance qu’ils ont eu de vivre avec un aventurier tel que lui. Hélas, personne ne semble particulièrement se rappeler les faits marquants de sa brillante existence.
Voyant son cher et tendre tellement vexé, Maman Moomin a une super idée: dans un grand cahier rapporté du grenier elle lui conseille d’écrire ses mémoires.
Il n’en fallait pas plus pour flatter l’ego de Papa Moomin qui s’attèle à la tâche sans se faire prier. Et c’est parti pour un grand voyage dans un univers totalement insolite et farfelu où vous rencontrerez Fredrikson, son grand ami et aussi Chassebé, qui vit dans une boîte à café ainsi que plein d’autres personnages plus pittoresques les uns que les autres
Vous y découvrirez aussi et surtout un Papa Moomin jeune et très aventureux, sûr de ses qualités et de son destin exceptionnel, qui se pose toujours et encore des questions existentielles.
Si vous ne connaissez pas ce classique de la littérature suédoise (en fait Tove Jansson est finlandaise mais elle a écrit en suédois, sa langue maternelle), et bien plongez sans crainte dans ce monde de trolls poétique et farfelu à souhait, illustré par les dessins au trait de l’auteure elle-même. Tout ceci a été écrit dans les années 50 et ça reste d’une fraîcheur et d’une poésie incroyables;
La série des Moumines (ça s’écrivait comme ça sur les bouquins de Nathan), je l’ai dévorée quand j’avais huit ans, je m’en souviens comme si c’était hier, (d’ailleurs c’était hier) et c’est certainement l’une des lectures qui a le plus marquée mon enfance.
Le texte est savoureux, le langage est assez soutenu mais il se prête vraiment bien à une lecture à haute voix.
Le récit des mémoires de Papa Moomin s’achève quand il rencontre sa future épouse et c’est si joliment dit : « Permettez-moi de m’arrêter là, à ce point culminant de ma jeunesse tempétueuse. Laissez-moi achever ici mes mémoires, à l’instant où la maman de Moomin le Troll, la plus douce des trolls de mon espèce, fait son entrée dans ma vie. Désormais son regard tendre et compréhensif allait veiller sur ma Folie, la transformant en compétence et en Raison. Par la même occasion, je perdis un peu du charme sauvage qui est en quelque sorte le sujet de ces modestes notes ».
J’adore !…
« Les Mémoires de Papa Moomin » de Tove Jansson. Editions du Lézard Noir. 14 €