Tout petit Marcel a été retiré à ses parents et s’est trouvé ballotté de familles d’accueil en familles d’accueil, sans amour, sans attention particulière.
Injustement accusé d’avoir volé un morceau de lard, son sort est scellé en deux minutes par un juge qui décide de l’envoyer parfaire son éducation à Belle-Ile-en-Mer, dans une colonie pénitentiaire pour mineurs.
Marcel a tout juste le temps de s’extasier sur l’immensité de la mer qu’il découvre ce jour là, le voilà projeté dans ce qui sera son enfer pour de longues années.
Quand nous le découvrons dans ce roman, Marcel a déjà passé quatre ans dans ce bagne et il fait un énième séjour au mitard: « Cette vie pourrie entre ces murs crasseux, combien l’ont vécue avant moi ? Etre enfermé pour avoir eu faim, volé un fruit ou un livre, quelle connerie ! Ça me fout la rage. Dans l’obscurité, on perçoit et ressent toujours des choses qui nous échappent pendant la journée. Là, dans le silence, j’entends les pleurs et les cris des potes qui ont laissé l’empreinte de leur nom sur les pierres de la cellule ».
Rien n’est épargné au lecteur de l’enfer vécu dans ce bagne où les enfants étaient brisés moralement, affamés, laissés sans soins, roués de coups pour de futiles prétexte quand ils n’étaient pas la proie des plus âgés ou des surveillants vicieux.
Malgré la solitude et les humiliations quotidiennes, Marcel continue d’espérer, de rêver, d’imaginer son évasion et de protéger les plus jeunes, les plus vulnérables.
Livré à la première personne dans une langue abrupte et incisive, ce roman poignant aborde un sujet encore assez tabou et pour le moins sidérant quand on imagine que le centre en question n’a été fermé qu’en 1977. Hier, quoi …
Le récit est entrecoupé de courts textes de slam écrits par le chanteur et musicien Arm que je ne connaissais pas et que j’ai donc découvert (dingue). La poésie sombre qui habille ces courts textes apporte un contrepoint très contemporain à ce texte coup de poing et visiblement très documenté.
Une illustration sonore et musicale des textes est également proposée en téléchargement .
Voilà.
OK… pour une petite lecture estivale c’est pas ce qu’il y a de plus gai. J’entends bien.
Mais bon, est-ce que la vie n’est qu’un parterre de roses avec mojitos au bord de la piscine en regardant passer les jolis garçons ? Ben non, pas toujours.
Alors allez-y, le roman vaut vraiment le coup, à partir de 13 ans et si je suis de meilleure humeur je ferai plus fun la prochaine fois.
« Le silence des oiseaux ». Texte de Dorothée Piatek et Arm(Psykick Lyrikah). Editions du Seuil. 11,00€. Et la couverture très belle a été réalisée par Olivier Balez.